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Mon conjoint est alcoolique

Temps de lecture :
4 min
Rédigé par
Équipe Coopleo
Revu par
Anne Guinche
Conseillère conjugale et familiale
Temps de lecture
4 min
mon partenaire est alcoolique, conjoint alcoolique, addiction dans le couple

La dépendance alcoolique entraîne une très grande souffrance, pour la personne concernée comme pour son conjoint qui vit chaque jour les conséquences de l’addiction.

Oubli de ses propres besoins, sentiment de honte, culpabilité, contrôle excessif du comportement de l’autre : le conjoint traverse une terrible épreuve.

Comment se préserver quand on vit avec une personne dépendante ? Faut-il vouloir sauver à tout prix son conjoint alcoolique ?

Nous avons rencontré Anne Guinche, Conseillère Conjugale et Familiale à Vannes et animatrice de groupes de paroles au sein de l’association LE DIRE.

"On n'arrive plus à se parler..."

Par Florence Peltier

90% des couples qui rencontrent des difficultés indiquent ne pas se sentir écoutés par leur conjoint.

Utiliser la reformulation positive pour sortir d’un cercle de communication négatif

Comprendre l'alcoolisme de mon conjoint 

“La tentation fréquente pour les proches est d’enfermer la personne alcoolique dans un jugement de valeur, en considérant ses actes comme un manque de volonté”, explique Anne Guinche.

L’alcoolisme ne tombe pas du ciel. Il est le résultat d’une stratégie d’adaptation face à un mal-être profond, à un sentiment d’échec ou d’impuissance, à un désespoir parfois caché au plus profond de la personne depuis sa petite enfance.

L’Homme a toujours utilisé des produits naturels ou chimiques pour modifier sa perception du monde, mieux gérer ses émotions, dépasser ses frustrations, ses moments de stress et d’angoisse. Anne Guinche précise : “Ce qui distingue notre période, c’est la facilité d’accès à la consommation d’alcool. Il est impensable aujourd’hui, pour une personne menant une vie sociale normale de ne pas être, à un moment donné de sa vie, au contact de l’alcool et de personnes qui en font l’usage. Il est même parfois mal vu de ne pas trinquer !”

Difficile donc d’y échapper et de freiner la spirale qui peut devenir infernale, après s’être s’installée inconsciemment au fil des années. 

⚠️ Normalement, quand un individu rencontre une difficulté, il va chercher une solution, précise Anne Guinche. Dans le cas des addictions, comme celle de l’alcoolisme, le produit va se substituer à la recherche de solution.

“La racine de l’alcoolisme n’est pas liée à l’alcool en soi, mais aux angoisses non traitées de la personne souffrante. “

La codépendance au conjoint alcoolique : c'est quoi ?

La première tentation de celui qui vit avec un partenaire alcoolique est de vouloir le sauver, l’aider à tout prix, en sacrifiant ses propres besoins. Pour autant, cette attitude peut faire basculer le conjoint et les membres de la famille dans ce qu’on appelle la “codépendance“.

En prendre conscience est une étape fondatementale pour entamer un changement vers le mieux. Anne Guinche explique “La codépendance survient lors de la combinaison de deux facteurs : le contact constant et prolongé avec une personne dépendante ainsi que le désir excessif d’aider cette personne à cesser de consommer.”

Les difficultés de la personne dépendante deviennent alors celles de la personne codépendante par le biais des conduites suivantes :

  • appropriation de la souffrance de l’autre ;
  • obsession du produit ( pour l’évincer de la vie de l’autre) ;
  • contrôle ( du comportement de l’autre ) ;
  • hyper-responsabilité ( car l’autre est malade ) ;
  • hyper-adaptation ( car l’autre étant malade, il a besoin que je m’occupe de lui ) ;
  • tendance aux mensonges ( pour protéger l’autre face au monde qui devient juge et accusateur, voire dangereux ) ;
  • culpabilité ( car je n’ai pas encore réussi à sauver l’autre de sa dépendance et de ses comportements à risques ) ;
  • honte ( car les comportements de l’autre me poussent à mentir, à faire ce que je n’aurais jamais fait ou dit) ;
  • manque de limites ( car je deviens un soignant et non plus un conjoint ou un parent et que je m’interdis de penser à moi ) ;
  • incapacité à dire non ( car j’ai peur de décevoir l’autre ou de l’abandonner) ;
  • oubli de ses propres besoins (lié aux manques de limites et à l’obsession).

Dans ce mode de relation, la personne dépendante reste entièrement « prise en charge » comme un malade par la personne codépendante. Il est, par là même, maintenu dans un état de dépendance. Cette spirale infernale a pour conséquence d’entraîner progressivement tout le monde à « toucher le fond », mais des outils existent pour s’en sortir.

Les avantages du parcours solo

Je me fais aider pour mieux aider mon conjoint alcoolique 

La deuxième étape du changement vers le mieux, c’est d’accepter de prendre soin de soi, en allant chercher une personne extérieure pour prendre le relais, avoir des moments de répit, et ne plus être en dualité avec le dépendant.

“Une fois que la relation codépendante est « conscientisée », il faut consacrer du temps et des efforts pour la surmonter. La meilleure façon est d’obtenir l’aide professionnelle ou bénévole d’une personne formée. explique Anne Guinche. 

Le tiers pourra aider dans la prise en charge de la personne dépendante afin de libérer un espace tant physique, mental que temporel au dépendant. Il pourra alors se sentir dégagé de l’emprise de soin et de contrôle dans laquelle il évolue sans s’en rendre compte consciemment. 

Le tiers pourra également accompagner le codépendant dans sa prise de recul et sa reconstruction.

Très concrètement, le premier réflexe pour trouver des professionnels compétents autour de soi est de se rapprocher des centres d’addictologie. Il en existe partout en France. Une simple recherche sur Internet vous permettra de trouver un centre.

Sortir de la spirale infernale

” Les personnes que je rencontre et vivant avec un proche alcoolique ont une démarche identique, qui intègre comme outil essentiel de soin la participation active et régulière à des groupes de paroles”, explique Anne Guinche.

Ces groupes réunissent des personnes qui souffrent de l’addiction d’un proche. Ces groupes réunissent les codèpendants.

Pour les individus dépendants à l’alcool,  il existe des réunions de groupe  appelées Les Alcooliques Anonymes.L’objectif est d’offrir à la fois un espace d’écoute respectueuse et d’expression attentive, et permettre le lâcher-prise et l’expression des émotions de chacun dans le respect des autres participants. La participation aux groupes de paroles leur permet de voir que l’on peut arrêter de boire et être bien. 

Pour le conjoint d’un personne alcoolique, il s’agit de réaliser qu’en modifiant son attitude, il peut favoriser la guérison de la personne dépendante. Les sujets d’échange lors de ces réunions sont divers et variés :

  • admettre son impuissance, 
  • reconnaître sa propre obsession,
  • faire le point sur soi-même et ses propres besoins,
  • constater et ne pas culpabiliser,
  • apprendre à modifier ses attitudes,
  • choisir la confiance,
  • gérer sa souffrance.

La verbalisation des émotions permet une introspection, une conscientisation et une externalisation de la souffrance. Le partage des « petits pas » vers l’amélioration.

Tout comme le temps est important dans l’installation de la dépendance, le temps est nécessaire à la guérison, pour la personne dépendante comme pour celle qui vit avec un alcoolique car les rechutes font partie du processus de guérison. 

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