État des lieux sur la pornographie
Hélène Dumont, Conseillère Conjugale et Familiale et Sexothérapeute, nous parle dans cet article d’un sujet difficile : quand le partenaire visionne de la pornographie.
Évoquer la pornographie avec son conjoint n’est plus tabou, mais le sujet n’est pas facile.
→ En fait, parler pornographie, c’est parler de sexualité, de fantasmes, de tension sexuelle et de notre rapport à l’autre.
Avant tout, qu’est-ce que la pornographie ? C’est une façon de voir la sexualité ou de la mettre en scène sous l’angle pulsionnel avec :
Un vocabulaire pauvre, cru ;
Un temps complètement compressé.
→ Tout dans la pornographie concorde à créer une excitation au plus vite pour mener la personne à la masturbation et donc au soulagement rapide de la tension sexuelle qu’elle éprouve.
L’excitation provoquée, accompagnée du geste masturbatoire, provoque une empreinte sensorielle, émotionnelle et intellectuelle. C’est une empreinte qui marque de façon plus ou moins forte la personne en fonction de son caractère.
Les personnes qu’accompagne Hélène Dumont et qui consomment régulièrement de la pornographie se disent souvent comme désensibilisées, soit au niveau de la tension sexuelle, soit au niveau du toucher ou bien des deux. C’est-à-dire qu’elles ont besoin d’éprouver ou de ressentir des choses fortes pour accéder au plaisir.
La consommation de vidéos pornographiques comporte le risque de mettre en danger la relation sexuelle conjugale.
→ il y a eu une déformation du sensoriel et de l’émotionnel.
Pour pouvoir avoir du plaisir, les personnes vont finalement rechercher des images de plus en plus excitantes et, a contrario, ne plus ressentir grand-chose dans un contexte de sexualité conjugale “classique”. Le danger est que, comme tout autre excitant, la pornographie constitue un terrain favorable pour que s’installe une addiction.
La sexothérapeute insiste sur le caractère réel de la sexualité conjugale ; elle est moins pulsionnelle et surtout s’ancre dans un contexte d’échange et d’attachement affectif.
"On n'arrive plus à se parler..."
Par Florence Peltier
90% des couples qui rencontrent des difficultés indiquent ne pas se sentir écoutés par leur conjoint.
Utiliser la reformulation positive pour sortir d’un cercle de communication négatif
Pornographie versus sexualité de couple
La sexualité humaine se compose de deux courants, celui de la tendresse et celui de la sensualité. Pour une sexualité épanouie, l’un ne peut être dissocié de l’autre.
→ la tendresse permet la confiance et l’attachement. Ce sont des valeurs importantes pour s’engager avec l’autre.
→ la sensualité représente la fougue, l’érotisme, le désir de posséder l’autre, d’entrer en fusion avec lui.
Une sexualité sans tendresse, c’est une sexualité à l’état brut, c’est ce que propose par exemple la pornographie. La tendresse vient humaniser la tension sexuelle, et inversement, la tension sexuelle va venir éveiller la tendresse au sein du couple, c’est-à-dire qu’elle amène de l’érotisme. Cet érotisme permet au couple de partager cette intimité des corps dans une sexualité assumée et choisie et de s’attacher l’un à l’autre.
Quel impact dans le couple quand l’un des deux regarde de la pornographie ?
La plupart du temps, si les personnes ou les couples viennent en entretien, c’est que le visionnage de la pornographie a été découvert ou avoué. Dans les accompagnements de la sexothérapeute, ce sont plus souvent les hommes qui consomment de la pornographie.
Le porno et la femme
Hélène Dumont reçoit beaucoup de femmes seules. Elles ont appris ou deviné que leur mari consomme de la pornographie. Une découverte violente pour certaines.
Elles se sentent à la fois trahies par leur conjoint et envahies par l’univers fantasmatique de la pornographie : la présence de la pornographie pour ces femmes inscrit leur couple dans une relation triangulaire.
Il n’y a plus “toi et moi” dans l’intimité sexuelle, il y a “toi et moi et la pornographie”. Le film porno s’intercale comme une tierce personne. Cela évoque l’infidélité. La pornographie est alors considérée comme une maîtresse fantasmatique faisant effraction dans ce lieu d’intimité qu’est la sexualité.
Pour nombre de ces femmes, à partir du moment où le conjoint exerce une sexualité en dehors de la scène conjugale, même fantasmatique, il peut y avoir une forme de tromperie. Pour elles, la sexualité conjugale comporte un caractère exclusif.
En fait, comme bien souvent dans l’infidélité, la femme se demande ce que “l’autre” a de plus qu’elle.
Ce qui induit parfois une comparaison malsaine ; cette comparaison se fait au regard de ces actrices pornographiques où tout est exacerbé.
Elle re-questionne donc leur sensualité, leur imperfection, leurs kilos en trop ou leur morphologie. Elles se disent tristes à l’idée de ne pas pouvoir satisfaire l’homme qu’elles aiment.
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Le porno et l'homme
Pour Hélène Dumont “quand on aborde la question de la pornographie et de sa fonction, les hommes me répondent spontanément en premier lieu que celle-ci répond à une tension interne. Cette tension est souvent le résultat d’un stress professionnel. L’homme dit ressentir une tension intérieure qui peut l’empêcher de travailler ou de dormir.”
La masturbation est une façon de s’en débarrasser. Quand on fait une rétrospective, notamment quand la personne consomme de la pornographie depuis longtemps, on peut remonter à l’adolescence. On note au départ une tension, une anxiété scolaire, ou un stress de performance, ou une anxiété relationnelle, occasionnellement une anxiété liée à une situation spécifique, une insécurité au niveau familial ou un manque d’estime de soi.
D’autre part, certains hommes ont une idée précise de ce qu’ils voudraient vivre. Bien souvent, c’est un désir de sensualité, d’érotisme, de pratiques sexuelles nouvelles, de jeu, qui sort tout droit de leur imaginaire, mais aussi de ce qu’ils sont dans leur personnalité.
Les femmes ne sont pas toujours branchées sur cette sensualité, soit parce qu’elles sont fatiguées, elles ont l’impression de déjà beaucoup donner, soit parce que la demande de l’homme finit par être lourde, ce qui ne les encourage pas à y répondre, bien au contraire. Il est aussi vrai que de nombreux hommes n’osent pas non plus exprimer ce désir de sensualité pour ne pas paraître lourd, ou parce qu’ils ont peur de passer pour des obsédés, de déranger leur femme et de lui manquer de respect.
Pour ces hommes, la pornographie apparaît comme une échappatoire permettant une sexualité pulsionnelle, qu’ils ne parviennent pas à vivre au sein de la sexualité conjugale.
Il y a un blocage qui empêche l’homme d’entrer dans le réel de la relation conjugale, donc il va voir du contenu pornographique. Ainsi, il fait l’économie de ces peurs. Au prix cher payé de sa relation intime de couple. Un homme confiait à une sexothérapeute : “Il est plus facile pour moi de me satisfaire plutôt que de prendre le risque de rencontrer ma femme et de ne pas savoir faire” ou encore “je me suis tellement masturbé que la stimulation de ma femme ne provoque plus rien”.
Ce phénomène s’appelle : la désensibilisation. Une sexualité ordinaire n’excite plus, il y a une extinction du désir, une difficulté à avoir une érection, voire une éjaculation.
Il y a un gros travail à faire, le désir sexuel “classique” est éteint, il faut réapprendre à faire l’amour,
→ De la désensibilisation, il faut passer à la re-sensibilisation
Les bénéfices d'un accompagnement pro pour retrouver une sexualité conjugale
Chercher un accompagnement professionnel pour comprendre ce contexte difficile de consommation de pornographie et ses conséquences sur l’individu et sur le couple est essentiel. Selon le cas, l’accompagnement peut être assumé par un thérapeute de couple, un conseiller conjugal ou un sexologue.
Il est important d’entreprendre de façon individuelle une relecture de sa vie sexuelle pour comprendre à partir de quel moment et dans quel contexte les premiers visionnages de pornographie sont apparus. Il faut rechercher les causes qui ont amené l’individu à flirter avec la pornographie, quitte à ne plus la quitter. Car, comme nous l’avons vu, la pornographie n’est pas anodine. Elle peut se transformer en addiction … au même titre que la consommation d’alcool.
C’est un travail de patience et d’introspection qui porte ses fruits.
N’hésitez pas à contacter un professionnel de confiance du réseau COOPLEO.