👶🏻 Le désir d’avoir un enfant, ou d’en avoir un de plus, est une question délicate qui touche de nombreux couples. Dans certains cas, ce désir n’est pas partagé, créant des tensions importantes au sein de la relation. Un partenaire souhaite un enfant tandis que l’autre n’y est pas ouvert ; cela génère un fossé difficile à combler.
💡 Hélène Dumont, conseillère conjugale et familiale, nous éclaire sur cette situation complexe, où désir et non-désir d’enfant se confrontent souvent de manière viscérale.
La notion du désir d'enfant
Les travaux de la psychiatre Monique Biedlowski sont riches en enseignement : le désir d’enfant semble échapper à toute rationnalité.
Le désir d’enfant peut être perçu comme un élan instinctif de survie, comparable au besoin de reproduction des autres espèces.
Cependant, au-delà de cet instinct naturel, d’autres facteurs entrent en jeu : l’histoire personnelle, les représentations sociales et familiales, les attentes de l’entourage, son expérience corporelle.
La conseillère conjugale familiale ajoute :
Il est important de noter que le non-désir d’enfant n’est pas forcément une opposition systématique à l’idée de parentalité.
Le désir d’enfant varie d’une personne à l’autre. Certains le ressentent intensément toute leur vie, d’autres pas du tout. Ce non-désir peut être lié à des peurs, au vécu personnel ou à des inquiétudes pour le futur.
Les tensions au sein du couple : un désir non partagé
Lorsque l’un des partenaires exprime un fort désir d’enfant et que l’autre y est fermement opposé, la relation est mise à rude épreuve. Cela remet généralement en question les bases mêmes du couple, comme l’amour ou le projet de vie commun. Les professionnels du couple, forts de leur expérience en cabinet, notent que certains partenaires se sentent trahis lorsqu’ils réalisent que leur désir n’est pas partagé :
Si elle m’aimait, elle me donnerait cet enfant.
Mais comme ils le soulignent, on ne fait pas un enfant pour faire plaisir à l’autre.
La procréation engage la responsabilité conjointe des deux parents. Cette décision doit être mûrement réfléchie et consensuelle, car l’arrivée d’un enfant modifie considérablement la dynamique familiale et personnelle. Cela peut engendrer des crises profondes si l’un des partenaires n’est pas disposé à accepter ce rôle. Le sentiment de trahison peut entraîner une rupture du lien conjugal, voire des accusations telles que “elle m’a fait un enfant en cachette.”
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Les enjeux psychologiques pour les deux partenaires
Chez les hommes, le refus d’avoir un enfant ou un enfant supplémentaire peut être lié à des inquiétudes profondes :
👉🏼 à l’expérience de la paternité ou à des traumatismes familiaux, qui peuvent empêcher un homme de se projeter en tant que père.
👉🏼 à l’idée de ne pas avoir assez de ressources financières pour élever un enfant “comme il faut”.
👉🏼 à l’idée de manquer d’énergie et de capacité émotionnelle pour accueillir un nouvel enfant.
Les femmes, quant à elles, peuvent être confrontées à :
👉🏼 un dilemme interne, tiraillées entre leur propre désir d’enfant et les attentes de leur partenaire.
👉🏼 une grossesse imposée, non désirée, qui peut générer une forte colère et un sentiment de trahison
Les conséquences sur l'enfant et le couple
Lorsque la décision d’avoir un enfant est prise sans l’adhésion des deux partenaires, cela peut avoir des conséquences non seulement sur le couple, mais aussi sur l’enfant.
🚨 Être l’enfant que d’un seul des deux parents
Grandir avec la conscience de n’avoir été désiré que par un seul parent peut affecter profondément la construction de l’identité de l’enfant. « Je suis la fille de ma mère, mais pas de mon père » est une phrase que l’on entend parfois en thérapie, souligne Hélène Dumont. Cette situation peut entraîner des questions douloureuses, comme « Est-ce que mon père ou ma mère m’aime ? », qui peuvent compliquer la relation parent-enfant et alimenter des doutes sur l’amour parental.
🚨 Être l’enfant-réparateur
D’autre part, un enfant conçu après une crise conjugale ou comme un moyen de réparation après une infidélité peut aussi porter une lourde charge. Être un « enfant réparateur » peut créer des attentes inconscientes qui pèsent sur son développement psychologique.
Comment naviguer dans cette impasse ?
Lorsqu’un couple se trouve confronté à cette impasse du désir non partagé, plusieurs pistes de réflexion peuvent être envisagées pour aider à clarifier la situation :
➡️ Analyser l’impact concret : Quel serait l’impact d’un enfant supplémentaire sur notre vie quotidienne ? Serions-nous prêts à assumer un tel bouleversement logistique, financier, et émotionnel ?
➡️ Prendre en compte l’énergie disponible : Avons-nous, à deux, suffisamment de ressources émotionnelles et physiques pour accueillir un nouvel enfant ? Cette question est cruciale, surtout si l’un des deux a déjà ressenti une grande fatigue après l’arrivée d’un premier enfant.
➡️ Explorer d’autres formes de fécondité : Si le couple renonce à avoir un autre enfant, comment pourrait-il continuer à croître et à s’épanouir autrement ? La fécondité n’est pas uniquement physique, elle peut aussi être spirituelle, émotionnelle ou professionnelle.
➡️ Se soutenir dans le renoncement : Si le couple décide de ne pas avoir cet enfant, il est essentiel que les deux partenaires se soutiennent mutuellement dans ce processus de renoncement. Il s’agit d’un moment difficile, souvent vécu comme une perte, voire un deuil.
Le désir d’enfant, ou le non-désir, est un sujet profondément personnel qui renvoie à des enjeux intimes et complexes. Lorsqu’il n’est pas partagé au sein du couple, il peut être source de grande souffrance. Cependant, grâce à un travail d’écoute et de réflexion, il est possible pour les couples de naviguer à travers cette impasse et de trouver des solutions respectueuses des besoins et des limites de chacun. Comme l’indique Hélène Dumont :
Cette réflexion nécessite de la délicatesse, du temps, et parfois l’aide d’un professionnel pour accompagner le couple dans cette phase difficile.